La nature humaine fuit de son mieux la douleur et la difficulté. Cette tendance naturelle vaut pour la pratique de n’importe quelle compétence. Une fois que l’on devient expert dans un domaine, en général celui pour lequel on a le plus de facilité, on préfère répéter inlassablement les mêmes choses. Pour éviter nos points faibles, nous retombons toujours dans la même routine déséquilibrée. Ce chemin est celui que suivent les dilettantes. Pour parvenir à la maîtrise, nous devons adopter ce que j’appellerai la pratique de la résistance. Le principe est simple : aller à contre-courant de nos tendances naturelles chaque fois qu’il s’agit de nous entraîner. D’abord, il faut résister à la tentation de se ménager. Devenons nos propres critiques ; jugeons notre travail sans la moindre tendresse, avec un regard détaché. Reconnaissons nos faiblesses, là où nous sommes médiocres. Ce sont les aspects auxquels il faut donner la priorité pour nous entraîner. Cultivons le plaisir pervers de surmonter la douleur qui accompagne cette forme de progression. Ensuite, résistons à l’attrait de relâcher notre concentration. Entraînons-nous avec une intensité redoublée, en aggravant nos contraintes. Pour déterminer nos propres techniques d’entraînement, montrons-nous aussi créatifs que possible. Développons ainsi nos propres normes d’excellence, généralement plus hautes que celles imposées par les autres. Les résultats de ce genre d’entraînement ne se feront pas attendre et les gens s’étonneront de l’aisance manifeste avec laquelle nous exécutons nos devoirs.
Loi du jour : Inventez des exercices portant sur vos points faibles. Fixez-vous des échéances arbitraires pour parvenir à une certaine norme et repoussez en permanence les limites que vous vous connaissez.
(ROBERT GREENE)
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