Disons que nous apprenons le piano. Au début, on est totalement étranger à l’affaire. Quand on commence l’étude du piano, le clavier a quelque chose de rebutant : on ne comprend pas les relations entre les touches, les cordes, les pédales et tout ce qu’il faut pour faire de la musique. On a beau aborder avec enthousiasme l’acquisition de nouvelles connaissances, on comprend vite l’étendue du travail à fournir. Le grand danger est de se laisser submerger par l’ennui, l’impatience, la peur et la confusion. On cesse d’observer et d’apprendre : le processus finit par s’arrêter. Si, en revanche, on gère ses émotions et qu’on laisse le temps faire son œuvre, quelque chose de remarquable commence à se dessiner. À force d’observation et d’imitation, on gagne en clarté, on apprend les règles et on voit comment tout se met ensemble. Avec la pratique, on acquiert l’aisance ; les connaissances de base sont maîtrisées et on est en mesure de relever des défis de plus en plus intéressants. On entrevoit des liens naguère invisibles. On gagne en confiance face aux difficultés et on dépasse ses faiblesses à force de persévérance. À un moment donné, on cesse d’être un étudiant et on devient un praticien. On n’apprend plus seulement des autres, on se crée un style et une personnalité. Après des années d’observation diligente, on atteint un nouveau seuil : la maîtrise. Le clavier du piano semble désormais faire partie de nous-même, il est intégré et devient un élément de notre système nerveux : on le connaît « sur le bout des doigts ». On a si bien appris les règles que l’on peut désormais les enfreindre ou les reformuler.
Loi du jour : Faites confiance au processus — le temps est un élément essentiel de la maîtrise. Utilisez-le à votre avantage.
(Robert GREENE)
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