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LE SECTEUR DU VTC EN CÔTE D'IVOIRE : UNE RÉVOLUTION EN MARCHE

Photo du rédacteur: Excellence AcadémieExcellence Académie

Porté par une urbanisation galopante (66 % de la population vit en ville), une jeunesse connectée (40 % de taux de pénétration d’Internet) et une économie en croissance (+7 % en 2023), le secteur du VTC (Véhicule de Tourisme avec Chauffeur) connaît une métamorphose fulgurante en Côte d’Ivoire. Abidjan, vitrine de cette révolution, concentre 80 % des activités, mais des villes comme Bouaké, San-Pédro et Yamoussoukro voient émerger une demande croissante. Ce marché, évalué à 15 milliards FCFA en 2023, incarne une nouvelle ère de mobilité urbaine, combinant innovation technologique et enjeux socio-économiques.


Un marché en pleine expansion : facteurs et dynamiques

Causes de l’essor :

  • Défaillances des transports traditionnels : Embouteillages coûtant 4 % du PIB annuel à Abidjan, réseaux de bus saturés (moins de 20 % des besoins couverts).

  • Révolution numérique : 60 % des Ivoiriens utilisent un smartphone, favorisant l’adoption d’applications de mobilité.

  • Changement des modes de consommation : Une classe moyenne émergente (25 % de la population) privilégie confort et sécurité.

Modèles économiques :

  • Plateformes internationales : Yango (leader avec 60 % de parts de marché) et Bolt s’appuient sur des algorithmes de tarification dynamique.

  • Acteurs locaux : Moja Ride ou Wika Mobility misent sur des tarifs adaptés aux budgets locaux et des services bilingues (français-dioula).

Chiffres clés :

  • 10 000 chauffeurs VTC actifs en 2023, dont 35 % sont d’anciens chauffeurs de taxi.

  • 500 000 utilisateurs mensuels, avec une croissance de 30 % par an.


Les acteurs clés : entre domination internationale et innovation locale

Yango (Yandex) :

  • Stratégie : Tarifs bas (20 % moins chers que les taxis), bonus de fidélité, et partenariats avec des hôtels de luxe (ex. Sofitel Abidjan).

  • Controverse : Accusé de dumping social (commission de 25 % sur les courses vs 15 % pour les acteurs locaux).

Les chauffeurs VTC :

  • Profil : Jeunes (70 % ont moins de 35 ans), souvent diplômés mais confrontés au chômage.

  • Revenus : Entre 150 000 et 300 000 FCFA/mois, variables selon les pics de demande (ex. embouteillages, heures de pointe).

Rôle des fintechs :

  • Des startups comme Julaya proposent des solutions de microcrédit pour l’achat de véhicules (taux d’intérêt de 8 % sur 3 ans).


Les défis : entre régulation, infrastructure et tensions sociales

1. Régulation en gestation :

  • Projet de loi en discussion : Immatriculation obligatoire des chauffeurs, contrôle technique semestriel des véhicules, et taxation des plateformes (5 % de TVA).

  • Enjeu sécuritaire : Introduction d’un système de notation des chauffeurs et d’urgence GPS dans les apps (ex. Yango SOS).

2. Infrastructures limitées :

  • Embouteillages : Coût moyen de 3h/jour perdues à Abidjan, réduisant la rentabilité des chauffeurs de 40 %.

  • Énergie : Seuls 15 % des VTC utilisent des véhicules hybrides, faute de bornes électriques (3 stations à Abidjan).

3. Conflits avec les taxis traditionnels :

  • Manifestations : En 2022, grève des taxis contre la "concurrence déloyale", entraînant des accords sur des zones réservées (ex. aéroport d’Abidjan).

  • Adaptation des taxis : Certains rejoignent des apps hybrides (ex. Taxi Connect CI), combinant réservation numérique et tarifs régulés.


Perspectives d’avenir : vers une mobilité intelligente et durable

1. Technologies disruptives :

  • IA et big data : Optimisation des trajets (ex. Yango prédit les demandes grâce à l’analyse des données de mobilité).

  • Véhicules électriques : Projet pilote avec Nordex Energy pour déployer 100 véhicules solaires d’ici 2025.

2. Modèles hybrides :

  • Covoiturage urbain : Plateformes comme Go Africa proposent des trajets partagés à prix réduits (-50 % vs VTC classique).

  • Intégration aux transports publics : Projet d’abonnements combinant bus Sotra et VTC (ex. pass Abidjan Mobility).

3. Enjeux sociaux et environnementaux :

  • Formation : Académies de conduite (ex. Yango Driver Academy) pour améliorer les compétences et inclure les femmes (5 % des chauffeurs actuellement).

  • Écologie : Incitations fiscales pour les VTC verts (exemption de taxes pendant 2 ans).


Conclusion

Le secteur du VTC en Côte d’Ivoire, symbole d’une Afrique innovante et entrepreneuriale, doit relever un défi multiple : concilier croissance rapide, inclusion sociale et durabilité. Si les plateformes internationales dominent, l’émergence d’acteurs locaux et une régulation équilibrée pourraient faire de ce marché un modèle pour l’Afrique de l’Ouest. L’intégration de technologies vertes et la collaboration public-privé seront clés pour transformer les défis urbains en opportunités économiques.


Recommandations stratégiques :

  • Pour les pouvoirs publics : Créer un observatoire de la mobilité urbaine pour anticiper les conflits et planifier les infrastructures.

  • Pour les plateformes : Investir dans la formation des chauffeurs et des véhicules accessibles aux personnes handicapées.

  • Pour les investisseurs : Financer des start-up locales de Mobility as a Service (MaaS) intégrant bus, VTC et pistes cyclables.


Par BIAZO Stéphane

 

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